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Le choix de L'HEBDO : retour de la binette dans nos communes

Actualités​. La loi Labbé interdit les produits phytosanitaires dans les espaces verts de nos communes depuis le 1er  janvier 2017. Un retour à l’huile de coude déjà effectué à Thairé.

Le choix de L'HEBDO : retour de la binette dans nos communes
Claire Panou, agent aux espaces verts de la commune de Thairé, a accueilli à bras ouverts le “0 pesticide“
[caption id="attachment_4594" align="alignnone" width="630"] Claire Panou, agent aux espaces verts de la commune de Thairé, a accueilli à bras ouverts le “0 pesticide“[/caption]

La loi Labbé interdit les produits phytosanitaires dans les espaces verts de nos communes depuis le 1er  janvier 2017. Un retour à l’huile de coude déjà effectué à Thairé.

Depuis 2013, la commune de Thairé est totalement sans phyto. Tout se fait à l’huile de coude car même les biocides sont proscrits. Une initiative à laquelle Claire Panou, agent aux espaces verts, adhère à 100 % : « Même avec les biocides j’avais des réactions alors que j’utilisais des gants et un masque », explique-t-elle. Car on l’oublie souvent, ce sont les agents communaux qui étaient en première ligne des effets néfastes des pesticides qu’ils devaient allègrement pulvériser pour que nos trottoirs aient l’air immaculé. Et bien maintenant, il faudra s’habituer à ce que de petites herbes folles viennent verdir nos villes et nos communes. Un bien pour les agents mais aussi pour nous, car à chaque pulvérisation de pesticides sur nos trottoirs, c’est autant de produits phytosanitaires qui se retrouvent directement dans les nappes phréatiques lorsqu’il pleut. Une commune sans pesticide est donc l’affaire de tous. D’autant plus qu’à compter de 2019, la commercialisation et la détention de produits phytosanitaires à usage non professionnel seront interdites. Une mesure qui vise directement les jardiniers amateurs.

« Porter le dossier à bras-le-corps » Si à Thairé -commune qui a adhéré à la charte Terre Saine-, Claire Panou a été réceptive à ce passage anticipé au “zéro pesticide“, la mise en place n’a pas été de tout repos comme le confirme Loris Paverne, 2e adjointe chargée du développement durable et des espaces verts : « On n’était pas préparé à la mise en œuvre technique ». À une période où ces idées étaient plutôt neuves dans l’inconscient collectif, « il a fallu porter le dossier à bras-le-corps », ajoute l’élue qui reconnaît avec le recul, tout comme Claire Panou, que le manque de communication avec les Thairésiens sur ce projet a compliqué la donne : « C’est la partie où on a pêché, notamment avec le cimetière qui a cristallisé à lui seul le débat ». Un lieu qui n’est actuellement pas visé par la loi mais que l’équipe a trouvé logique d’inclure dans son programme. Il porte, de plus, une partie émotionnelle du collectif, la municipalité s’étant heurtée à l’agressivité de certains habitants.

Plan d’entretien communal Il a donc fallu que tout soit repensé : « Nous avons fait un inventaire, espace par espace en définissant ce qui était prioritaire et en mettant en place un calendrier d’intervention tout en tenant compte des contraintes météo et des absences possibles des agents ». Un plan d’entretien communal qui voit aussi les pratiques de travail changer, puisque la binette est l’instrument de base, avec la pénibilité que son emploi entraîne : « Nous avons aussi du matériel électrique peu bruyant, léger et plus ergonomique », rassure Claire Panou.

C’est au cimetière justement que cette dernière et ses collègues ont passé le plus de temps pour mettre en avant le côté végétal : « La transition est difficile à supporter pour les gens. Ils passent d’un espace gris caillou à du gazon et des herbes folles », explique-t-elle. Mais pas si folles que ça ces herbes, car l’agent ne dispose pas ses plantes au hasard. Elle fait des tests et plante des vivaces pour habiller les “entre tombes”. Imaginez sa déception quand certains usagers ruinent ce travail méticuleux en arrosant allègrement le tour de ladite tombe de pesticides ! « Il faut habituer l’œil des habitants », lance-t-elle avec philosophie.

Carine Fernandez

[caption id="attachment_4595" align="alignnone" width="630"] Un arrêté a été pris par la municipalité d’Aigrefeuille pour que les habitants entretiennent leurs trottoirs[/caption]

Les habitants mis à contribution La municipalité d’Aigrefeuille-d’Aunis souhaite impliquer la population dans le respect de cette loi. Concrètement, elle vient de publier un arrêté municipal demandant à tous les Aigrefeuillais de nettoyer et désherber sans produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques le trottoir devant chez eux, jusqu’au fil d’eau (caniveau compris donc), « sur la largeur, au droit de la façade et en toutes saisons ». La municipalité s’appuie ainsi sur le code rural en vigueur depuis belle lurette. Binettes et produits biocides sont acceptés mais rien de plus. Il faudra donc un peu d’huile de coude aux habitants pour respecter cet arrêté.

Les élus mettent en avant que la majeure partie des eaux pluviales de la ville, « 75 % » précise le maire, finit sa course dans le lac de Frace. De plus, avec les nouvelles mesures, il faudrait que la commune double son nombre d’agents dédiés aux espaces verts (actuellement 5) pour pouvoir entretenir les 60 km de trottoirs : « On ne peut pas se le permettre financièrement », ajoute Gilles Gay.

Si la mesure veut user de pédagogie, à ce jour, pour faire comprendre l’enjeu environnemental de cet arrêté, une amende de 11 € est possible en cas de mauvaise foi avérée. La municipalité planche aussi sur la question du cimetière car elle ne veut plus d’emploi de produits polluants, non plus, à l’image de la commune de Thairé. Et ce même si la loi actuelle ne l’oblige pas. Une problématique qui trouvera certainement sa réponse dans le projet d’agrandissement du cimetière actuel, qui sera pensé plus “vert”.

Ce que dit la loi Adoptée le 22 juillet 2015 par l’Assemblée nationale, la loi de transition énergétique pour la croissance verte dit : à compter du 1er janvier 2017 interdiction de l’usage des produits phytosanitaires par l’État, les collectivités locales et établissements publics pour l’entretien des espaces verts, promenades, forêts, et les voiries. (Source ministère de l’Environnement, de l’énergie et de la mer)

Trouver les bons outils Le brûleur à gaz, qui coûte aux alentours de 2000€, n’est finalement pas très écolo ni économique puisqu’il consomme beaucoup de bonbonnes de gaz. Il existe aussi les brosses à rotation (plus ou moins 15 000 €). Les réciprocateurs électriques souvent ergonomique (3 000 € environ). Et le vélo-sarcleur, ou houe maraîchère, qui coûte entre 500 et 800 euros.

Des stickers pour l’engagement La CDA fournit des autocollants J’entretiens mon trottoir sans pesticides à apposer sur la boîte aux lettres des bons élèves. Aigrefeuille songe à faire de même.

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