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Nature : la cigogne blanche chez elle en Charente-Maritime

Sport et Loisirs​. La Charente-Maritime est la première terre d’accueil pour la cigogne blanche. L’espèce revient de loin : en 1974, elle était au bord de l’extinction. Aujourd’hui, grâce aux actions de préservation, elle va mieux.

Nature : la cigogne blanche chez elle en Charente-Maritime
© Francis Jiraudon
[caption id="attachment_3883" align="alignnone" width="630"]© Francis Jiraudon © Francis Jiraudon[/caption]

La Charente-Maritime est la première terre d’accueil pour la cigogne blanche. L’espèce revient de loin : en 1974, elle était au bord de l’extinction. Aujourd’hui, grâce aux actions de préservation, elle va mieux.

La cigogne blanche est considérée comme une espèce protégée “mineure “ par l’Union internationale pour la conservation de la nature, puisqu’elle ne remplit pas les critères des catégories d’animaux en danger d’extinction. Pourtant, les changements dans les méthodes agricoles et l’industrialisation ont conduit au déclin et à la disparition de l’espèce en Europe, notamment aux XIXe et XXe siècles.

La reprise de la nidification de la cigogne blanche en France, aux Pays-Bas, en Suisse et en Suède a été réalisée grâce des à programmes de conservation et de réintroduction.

Elle niche pour la première fois en Charente-Maritime en 1962. Jusqu’en 1967, un à trois couples s’y installent chaque année. Mais en 1974, la cigogne blanche est au bord de l’extinction. Malgré le retour spontané d’un couple en 1978, les cigognes blanches seront absentes du territoire français pendant 10 ans. Ce fait est observé en raison d’une mortalité des adultes causée par les fortes sécheresses sahéliennes, les électrocutions sur les lignes électriques aériennes et la chasse sur les lieux d’hivernage africains, notamment au Mali. Dans ce pays, des prélèvements effectués par l’équipe de La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) du réseau Birdlife international, font état de plus de 700 oiseaux tués par an.

Face à cette décroissance dramatique, des ornithologues et passionnés se mobilisent. Les actions menées engendrent un retour des oiseaux. On dénombre 11 couples nicheurs dont 9 en Alsace, à la fin des années 80.

Le succès des corbeilles En 2016, la Charente-Maritime est devenue le premier territoire de la cigogne blanche. Les raisons sont multiples. Nicolas Gendre, responsable de programme à la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) explique : « Les marais de Charente-Maritime sont une plaque tournante des oiseaux migrateurs où de mi-juillet à fin août, ils trouvent de la nourriture en abondance comme les écrevisses de Louisiane. Cependant, la migration en France peut s’étendre jusqu’au mois d’octobre ».

Naturellement, les cigognes nichent sur les branches des ormes. Ceux-ci, atteints d’une maladie (la graphiose) ne supportent plus le poids du nid qui peut atteindre en moyenne 400 kg. Les branches s’effondrent jetant les œufs à terre. Face à ce problème, les cigognes blanches sont contraintes de nicher ailleurs, notamment sur les pylônes électriques à haute et très haute tension. Un phénomène qui entraîne des micro-coupures d’électricité.

Dès 1978, de nombreuses plateformes sont installées par le Groupe Ornithologique Aunis Saintonge (GOAS) et la LPO. L’objectif est de concilier la fourniture d’électricité et la protection de cet oiseau.

L’opération débute en marais de Brouage puis dans les prairies humides de la vallée de la Charente et du pays rochefortais. Cette méthode adoptée en Charente-Maritime est un succès.

Ainsi, en mars 2012, le réseau de transport d’électricité (RTE) a procédé à la pose d’une plateforme artificielle, placée sur la partie supérieure d’un pylône de la ligne à 225 000 volts, reliant La Rochelle à Angoulême. Une initiative qui a porté ses fruits, puisque trois cigogneaux sont nés et se sont envolés en juillet de la même année. À l’automne 2012, six corbeilles sont installées toujours dans le marais de Brouage. Elles sont suivies par 12 autres à l’automne 2013.

En complément, un système est mis en place au niveau de l’ancien nid pour éviter que les oiseaux ne reviennent l’occuper. Grâce à ces actions, en 2014, la Charente-Maritime compte 453 couples. On en dénombre 2 598 en France. Cette année-là, les acteurs de la protection ont aussi observé 281 nids dans les arbres contre 101 sur les plateformes artificielles.

[caption id="attachment_3884" align="alignnone" width="630"]Depuis quelques années, les cigognes reviennent naturellement nicher dans les arbres (photo© Louis-Marie Preau) Depuis quelques années, les cigognes reviennent naturellement nicher dans les arbres (photo© Louis-Marie Preau)[/caption]

Une migration devenue hivernage Normalement, après la période de reproduction, les cigognes partent en Afrique. Depuis plusieurs années, beaucoup restent notamment en Charente-Maritime. Un nouveau phénomène sans doute dû non seulement au climat océanique de plus en plus doux, mais aussi à la nourriture qu’elles trouvent aisément comme des criquets et des vers de terre : « Au début des années 90, on observait la présence de 1 à 3 oiseaux en hivernage contre 3 à 6 à la fin de cette même année. Depuis 2 ou 3 ans 80 individus restent en Charente-Maritime l’hiver, ce qui montre bien une évolution positive ».

Suivi et poursuites des actions réalisées Grâce à ces actions menées en Charente-Maritime, les résultats probants observés cette année n’empêchent pas la fragilité de cet équilibre. Il est nécessaire de poursuivre des actions de préservation des zones humides et de neutralisation de lignes électriques.

Autres points à améliorer, la fermeture de décharges à ciel ouvert qui existent sur la route de leur migration où les cigognes s’empoisonnent en cherchant de la nourriture.

Chaque année, la LPO recherche et suit l’ensemble de la population notamment en Charente-Maritime, avec l’aide de ses adhérents et grâce au soutien annuel de ses partenaires. Elle poursuit également sa collaboration, aux côtés des spécialistes français, dans le cadre du Groupe Cigognes France. Nicolas Gendre conclut : « La LPO est en partenariat avec les deux grands électriciens (Ndlr, RTE ET ENEDIS), ce qui est primordial notamment pour les actions de prévention. Des mesures de surveillance sont aussi établies. L’avenir des cigognes blanches en Charente-Maritime est plutôt positif : en 2014, nous étions à 17 nids sur le réseau moyenne tension d’ENEDIS, cette année il en reste seulement 5 à déplacer. L’année prochaine il ne devrait en rester plus qu’un, sauf si de nouveaux couples, s’installent d’ici-là ».

Grâce à toutes ces actions mises en œuvre la cigogne blanche semble devenue un véritable symbole des marais de Charente-Maritime.

[caption id="attachment_3885" align="alignnone" width="630"]© F. J. © F. J.[/caption]

La cigogne blanche

La cigogne blanche est une grande espèce d’oiseaux échassiers de la famille des ciconiidés. Son plumage est blanc et noir au bout des ailes. Les adultes mesurent en moyenne 100 à 115 cm du bout du bec au bout de la queue, avec une envergure comprise entre 155 et 215 cm. Elle trouve la plupart de sa nourriture au sol, parmi la végétation basse et dans l’eau peu profonde. Elle se nourrit essentiellement d’insectes, d’invertébrés, mais aussi de reptiles, de petits mammifères et oiseaux, de mollusques, de limaces, d’écrevisses de Louisiane… L’espèce qui migre entre l’Europe et l’Afrique est monogame, cependant les partenaires ne s’accouplent pas pour la vie. Pour leur reproduction, les cigognes construisent un grand nid de branches utilisé pendant plusieurs années. La femelle pond en moyenne quatre œufs à chaque nidification. Ces derniers éclosent 34 jours après la ponte. Pour l’incubation des œufs et le nourrissage des jeunes, les deux parents se relaient pendant 58 à 64 jours après l’éclosion. Par la suite, les jeunes continuent d’être nourris par les parents pendant 7 à 20 jours. Cet oiseau n’a que peu de prédateurs naturels et a donné lieu à de nombreuses légendes à travers son aire de répartition, la plus connue étant celle de bébés apportés par les cigognes.

La LPO : La Ligue de Protection des Oiseaux

La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) est un gestionnaire majeur pour la préservation des milieux naturels terrestres et côtiers. C’est une association de prévention de l’environnement française, fondée en 1912. La LPO a pour objectif la protection des oiseaux et des écosystèmes dont ils dépendent.

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