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France. Une année sportive pour unir les Français

L'année qui s'ouvre sera placée sous le signe du sport pour une France en quête de cohésion sociale.

France. Une année sportive pour unir les Français
À Toulouse, le 8 septembre, des supporters exultent après la victoire du XV de France face aux All Blacks dans le match d'ouverture de la Coupe du monde - © AFP - AFP or licensors - CHARLY TRIBALLEAU

"Ces événements doivent nous permettre de retrouver de la concorde, une forme de joie, d'optimisme et de fierté. " C'est une année sportive exceptionnelle qui a démarré pour la France avec la Coupe du monde de rugby 2023 le 8 septembre, dont la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, attend bien plus que des coupes et des médailles. À ses yeux, accueillir sur le sol français autant de compétitions prestigieuses - jusqu'aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 l'été prochain - peut susciter un nouvel élan pour le pays.

Pendant cette année placée sous le signe du sport, l'idée " de réinitialiser une sorte de rêve français est permise, estime lui aussi Jean-Baptiste Guégan, spécialiste en géopolitique du sport. On sort du coronavirus, la France a été marquée par les attentats, les gilets jaunes puis les émeutes. Avec le sport, on est dans l'un des rares moments de cohésion nationale. On n'exagère pas quand on parle de moment vitrine. "

L'effet "black-blanc-beur" de 1998

En termes de climat social aussi, les vertus euphorisantes du sport ne sont plus à démontrer. Très largement commenté à l'époque, l'effet "black-blanc-beur" de 1998, à la suite de la victoire en finale de la Coupe du monde de football, avait, " quoi qu'on en dise, eu un effet salvateur, avec des relations entre des individus qui ne se connaissaient pas. Le sport a transcendé les barrières sociales, ce jour-là, analyse Hugo Bourbillères, sociologue du sport. Si ces choses-là ne sont pas forcément durables, ça ne veut pas dire que ce n'est pas utile. "

Dans un contexte économique défavorable, la tenue de ces rassemblements sportifs d'envergure peut, toutefois, susciter l'interrogation. " L'argent public alloué pour ces événements est important, mais relativement limité, rassure Christophe Lepetit, chargé d'études économiques au Centre de droit et d'économie du sport (CDES). C'est 4 % du budget du Comité d'organisation, pour les épreuves et l'activité liée uniquement aux Jeux. Pour les rénovations d'infrastructures, c'est de l'ordre de 50 %, mais ces infrastructures sont censées servir au-delà des Jeux, c'est un investissement à long terme. "

1,9 à 2,4 milliards d'euros de retombées

Selon une étude d'impact du cabinet Deloitte, le Mondial de rugby générera des retombées économiques de l'ordre de 1,9 à 2,4 milliards d'euros, quand le budget des dépenses évoqué par la Fédération française de rugby pour l'organisation de l'événement est de l'ordre de 400 millions. " Il faut à la fois regarder ce que ça peut générer à très court terme, et sur un temps plus long, prévient Christophe Lepetit. L'impact économique de la tenue d'un événement, quand on le rapporte au PIB d'un pays sur une année, cela ne représente finalement que 0,1 %, voire en dessous. " La pratique d'un sport en particulier, la cohésion nationale, la régénération urbaine, le vivre-ensemble... " Tout cela est difficile à chiffrer ", rappelle le chargé d'études économiques.

" Beaucoup de pays, depuis vingt ans, investissent dans le sport. Il faut montrer aux entreprises, aux investisseurs et aux gens de talent qu'investir chez nous, c'est bien, fiable et rentable ", abonde Jean-Baptiste Guégan.

Afficher son ambition

Dans ce contexte, l'occasion est donnée à la France d'afficher son ambition. " Si aujourd'hui, on ne réussit pas les Jeux, l'impression de déclassement européen et français sera une réalité ", tranche l'auteur de Géopolitique du sport, une autre explication du monde (Éd. Bréal). " Si on veut montrer qu'on existe, face au décentrement du monde vers l'Asie ou à la remondialisation du sport dans des pays comme -l'Arabie saoudite, être ambitieux n'est pas une option. "

Au-delà, l'accueil de telles manifestations est généralement perçu comme un accélérateur de projets. " Avec les Jeux, les habitants ne le voient pas forcément, mais le Grand Paris a gagné dix ans, dans les infrastructures, les transports, etc. ", estime -Christophe Lepetit. " Les trente minutes de sport quotidiennes à l'école n'auraient sans doute pas été mises en route sans les Jeux. Ce n'est pas à la société de se mettre au service des événements, mais davantage ces événements qui doivent rendre service à la société ", estime l'économiste.

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