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Spiritualité. Le pape s'élève contre "le fanatisme de l'indifférence"

France-Monde. À Marseille, le souverain pontife a multiplié les appels aux dirigeants européens sur le drame des migrants.

Spiritualité. Le pape s'élève contre "le fanatisme de l'indifférence"
François et le président Emmanuel Macron lors de leur rencontre au Palais du Pharo, à Marseille - AFP - SEBASTIEN NOGIER

Le pape François est venu à Marseille pour lancer un appel pour la Méditerranée. Dans cette ville métissée où, disait en son temps le cardinal Etchegaray, il est possible de faire le tour du monde en quatre-vingts heures, l'homme en blanc s'est recueilli face à la mer. Devant ces eaux baignées de soleil, synonyme de vacances et de baignade au Nord, symbole de mort et de noyade au Sud, il a poussé un cri d'alarme.

Messager inquiet d'une situation explosive

Vendredi 22 et samedi 23 septembre, François s'est fait le messager inquiet d'une situation explosive. Et a fait résonner dans l'esprit de ceux qui voulaient bien l'entendre un mot universel : la -civilisation. Car c'est bien de civilisation qu'il s'est agi pendant les vingt-six heures qu'a duré ce voyage. Le pape n'a d'ailleurs pas tardé après son arrivée sur le sol français à faire entendre son angoisse.

Devant la stèle dédiée aux marins et aux migrants disparus en mer, entouré de responsables de toutes religions, François s'est ainsi immédiatement élevé contre ceux qui laissent périr sur leur barque les migrants fuyant en Europe, fustigeant aussi bien " les trafics odieux " que le " fanatisme de l'indifférence ". " Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu'elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues ", a-t-il tonné, après avoir observé un moment de recueillement en silence, visiblement ému. " C'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation ! ", a-t-il insisté.

L'émotion ressentie devant la stèle, il en avait déjà fait part quelques heures auparavant, dans l'avion entre Rome et Marseille, lorsque, voyant une photo prise par une journaliste revenue de Lampedusa, il s'était exclamé : " Après les camps libyens, ils les jettent à la mer. " Le pape avait alors pleuré. " J'espère avoir le courage de dire ce que j'ai à dire ", avait-il aussi glissé à une journaliste espagnole. Car, alors, le pape savait déjà qu'il s'apprêtait à secouer les pays européens, particulièrement les plus rétifs à accueillir les migrants. Et ce, au lendemain de déclarations des dirigeants italiens et français ayant signifié leur refus d'accorder l'asile aux nouveaux arrivants à peine débarqués sur l'île de Lampedusa.

Appel à un "sursaut de conscience"

Samedi matin, dans le grand palais du Pharo, le pape s'est adressé aux dirigeants européens ayant signifié quelques jours plus tôt leur refus d'accorder l'asile aux nouveaux arrivants à peine débarqués sur l'île de Lampedusa. Entouré d'évêques de tout le pourtour méditerranéen et de jeunes d'une trentaine de pays, participant aux Rencontres méditerranéennes, François a appelé à un " sursaut de conscience " et alerté contre un risque de "naufrage de civilisation ". " L'avenir, en effet, ne sera pas dans la fermeture qui est un retour au passé, une inversion de marche sur le chemin de l'histoire. " Avec des accents beaucoup plus politiques que la veille, devant la stèle, il a dit sa crainte du creusement inexorable des inégalités entre les continents bordant la grande bleue. Car pour François, c'est bien à une crise existentielle que sont confrontés les pays de la région.

"La Mare nostrum crie justice"

Le pape argentin venu du Sud a voulu donner au Nord une leçon d'humanité. Comme s'il avait pris sur lui la responsabilité d'expliquer la raison pour laquelle certains devaient quittent leur pays. " La Mare nostrum crie justice, avec ses rivages où, d'un côté, règnent l'opulence, le consumérisme et le gaspillage et, de l'autre, la pauvreté et la précarité, a-t-il dit. Là encore, la Méditerranée est un reflet du monde : le Sud qui se tourne vers le Nord, avec beaucoup de pays en développement, en proie à l'instabilité, aux régimes, aux guerres et à la désertification, qui regardent les plus aisés, dans un monde -globalisé. "

" Ceux qui risquent leur vie en mer n'envahissent pas, ils cherchent l'hospitalité ", a martelé François. " Certes, les difficultés d'accueil, de protection, de promotion et d'intégration de personnes non attendues sont sous les yeux de tous ", a-t-il admis. " Cependant, le critère principal ne peut être le maintien de leur bien-être, mais la sauvegarde de la dignité humaine ", a-t-il encore appuyé, appelant à la " responsabilité européenne ". Des propos sur l'immigration qui ont soulevé la plus grande perplexité chez bien des responsables politiques présents au Pharo.

Loup Besmond de Senneville, avec Héloïse de Neuville

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