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Le choix de l'Hebdo : pourquoi les dauphins s'échouent sur nos côtes

Actualités​. Depuis le début de l'année, 800 dauphins se sont échoués sur les côtes Atlantiques, dont 490 rien que pour la Charente-Maritime et La Vendée. Pelagis tire la sonnette d'alarme.

Le choix de l'Hebdo : pourquoi les dauphins s'échouent sur nos côtes
©observatoire Pelagis
[caption id="attachment_5000" align="alignnone" width="630"] Les plages de Charente-Maritime et de Vendée viennent de connaître un épisode critique d'échouage de dauphins (©Observatoire Pelagis)[/caption] Depuis le début de l'année, 800 dauphins se sont échoués sur les côtes Atlantiques, dont 490 rien que pour la Charente-Maritime et La Vendée. Pelagis tire la sonnette d'alarme. Ces 800 dauphins communs du Golfe de Gascogne récemment échoués ne sont que la partie immergée de l’iceberg, comme l’explique Hélène Peltier, ingénieur de recherche à l’observatoire Pelagis de La Rochelle : " Les animaux qui s’échouent représentent 8 % de ceux qui meurent en mer, car la plupart coulent". Même si les calculs ont été revus par les chercheurs de Pelagis en raison des tempêtes Liev et Marcel qui ont touché nos côtes en début d’année, ramenant plus de cadavres, ils estiment à 3 500 le nombre de dauphins de cette espèce morts entre le 4 février et le 15 mars : un triste record qui dépasse celui de 1997. Toutes espèces confondues, la moyenne d’échouage des dauphins sur les côtes Atlantiques est de 500 à 1 000 individus par an. Mais alors à quoi sont dus ces échouages ? "A la capture accidentelle, lance Hélène Peltier. La même cause qu’en 1997." Les cadavres échoués en portaient les stigmates, comme des traces de maillage ou des amputations. Les autopsies ont aussi montré des signes d’asphyxie, donc de mort en profondeur et des animaux avec les estomacs pleins qui étaient donc en train de se nourrir. Zones “fatales“ En étudiant les échouages, les ingénieurs de Pelagis ont découverts deux zones “fatales” également zones de pêche : "L’une est loin au large et l’autre très près des pertuis charentais". Ne pouvant obtenir aucune donnée sur l’activité de pêche, les chercheurs émettent plusieurs hypothèses. La pêche au chalut pélagique en bœuf (2 chalutiers qui traînent un filet), qui est souvent assimilée à la pêche au bar "capture accidentellement beaucoup de dauphins, nous avons déjà eu des observateurs sur ces bateaux", souligne Hélène Peltier. Le bar et le dauphin sont en effet friands des mêmes proies. Peu rentable, cette technique de pêche a diminué depuis les années 90. Mais le phénomène perdure, "donc il existe d’autres pêcheries qui font de la capture accidentelle de dauphins", poursuit Hélène Peltier. Les chercheurs montrent du doigt les grosses pêcheries industrielles avec des bateaux de 150 m. Ils remontent jusqu’à 150 tonnes en un coup de filet. En résumé, pratique de la pêche, intensifications de celle-ci, présence de plus de dauphins qui se nourrissent des mêmes poissons que le bar et les tempêtes qui ont ramené les cadavres… toutes ces interactions sont à la fois les causes et représentent la mise en évidence de cette surmortalité. Mode de consommation Les chercheurs souhaiteraient que les autorités compétentes prennent ce problème à bras-le-corps et que les pêcheurs industriels acceptent d’embarquer des observateurs. L’opinion publique a aussi son mot à dire car elle peut changer son mode de consommation en bannissant les produits de la pêche industrielle de son assiette au profit des pêcheries plus responsables.

Carine Fernandez

[caption id="attachment_5001" align="alignnone" width="630"] Capture accidentelle de dauphins dans un chalut pélagique (archives du CRMM)[/caption]

Les captures accidentelles Nous avons tenté de contacter le comité des pêches maritimes et des élevages marins du Poitou-Charentes qui nous a  aimablement rappelés à plusieurs reprises sans pour autant pouvoir nous fournir la possibilité de poser nos questions à qui que ce soit pour des raisons d’agenda. Il nous est donc difficile de vous donner le sentiment des instances de la profession face à cette surmortalité. Une frilosité qui peut se comprendre après l’arrêt brutal de la pêche au filet maillant dérivant.

Mais ces captures accidentelles sont une réalité : "On ne veut pas taper sur les pêcheurs. On sait que ça ne les amuse pas de capturer les dauphins", lance Hélène Peltier mettant à nouveau l’accent sur la pêche industrielle. Malgré tout, les chercheurs souhaitent pouvoir mieux travailler en coordination avec les professionnels de la pêche. Pour ce faire, il faudrait que les pêcheurs acceptent plus d’observateurs sur leurs bateaux, ou des caméras qui permettraient d’étudier les méthodes de travail pour les améliorer afin de diminuer ces captures accidentelles, ou encore des systèmes d’enquêtes effectuées par les pêcheurs qui tiennent le rôle d’observateur : "En Charente-Maritime nous n’avons pas de problème pour observer, c’est dans les Pays de La Loire que c’est plus difficile", explique Hélène Peltier. Pour réduire ce phénomène de captures accidentelles, des modifications des engins de pêche pourraient être envisagées, tout comme des pratiques en réduisant les temps de pêche la nuit : "Il ne faut pas non plus de perte de rentabilité pour les pêcheurs". La concertation serait, pour elle, la première initiative à mettre en place. Comprendre le processus d'échouage Le travail d’Hélène Peltier, ingénieur de recherche à l’observatoire Pelagis de La Rochelle, est d'étudier les échouages d’animaux pour en déduire les causes de mortalité : " Je prends un échouage, je regarde les conditions de météo et de marée les jours précédents et je fais remonter le temps au dauphin pour savoir où il est mort, en prenant en compte la dérive. Finalement, c’est remonter le temps pour savoir où sont morts les animaux". Difficile d’observer en Europe Dans certains pays, comme aux Etats-Unis, à chaque nouvelle pêcherie développée des observateurs sont systématiquement mis à bord des bateaux. En Europe, la réglementation impose des observateurs sur 5 % les bateaux de plus de 15 m : "En Europe 80 % des bateaux font moins de 15 m, donc ne sont pas observés". Sur ces 5 % observables, c’est au bon vouloir des patrons de pêcheurs. S’ajoute à cela le fait qu’embarquer une personne qui n’est pas de la profession sur un bateau de pêche nécessite un listing administratif long comme le bras. Les pays scandinaves ont réglé le problème en équipant les bateaux de caméras.

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