Comment couper le robinet de la pollution plastique ? Lancées en 2022 sous l'égide de l'ONU, les discussions ont pour but d'aboutir à un traité international visant à mettre fin à toute pollution plastique supplémentaire avant 2040. Il est prévu que ce texte soit juridiquement contraignant. Avant cela, les 27 et 28 mai, un " segment de haut niveau ", un premier round de discussions, était organisé par la France.
Sur le constat, toutes les parties sont d'accord : la pollution engendrée par la production et l'utilisation de matières plastiques est devenue ingérable. C'est sur le fond que les États s'opposent. D'un côté figure la Coalition pour une haute ambition, menée par le Rwanda et la Norvège, et dont l'Union européenne est membre. Elle défend le traité le plus contraignant et le plus large possible, qui s'attaque à la pollution de la phase de production à celle du déchet : interdiction des substances les plus problématiques, fin des plastiques à usage unique, objectifs précis sur le recyclage et le réemploi des produits…
"Se mettre d'accord sur des principes très généraux"
À l'inverse, des pays comme les États-Unis, la Chine ou le Japon plaident pour des objectifs mondiaux très généraux, qui laisseraient aux États toute latitude pour fixer eux-mêmes leur propre plan d'action, comme c'est le cas aujourd'hui pour les objectifs climatiques. D'après les observateurs d'ONG ayant assisté aux premières discussions, ces pays mettent plutôt l'accent sur le recyclage que sur la réduction de la production de plastique vierge à la source.
" Ces pays sont réticents à ce que des questions qui toucheraient au modèle économique de plusieurs secteurs soient abordées lors de discussions sur l'environnement, explique Lucien Chabason, conseiller de la direction à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). C'est aussi ce que l'on observe lors des discussions sur le climat, qui peinent à s'attaquer à la question des énergies fossiles. "
La portée finale du texte reste donc incertaine. À première vue, les positions opposées paraissent difficilement conciliables. " L'une des solutions pourrait être de se mettre d'accord sur des principes très généraux, avec un modèle d'annexe pour réglementer les substances préoccupantes ", poursuit Lucien Chabason. C'est le cas aujourd'hui de la Cites, texte qui réglemente le commerce international d'espèces menacées d'extinction : la liste des animaux et végétaux à protéger est revue chaque année, ce qui permet de faire progresser le texte et de l'adapter aux nouvelles connaissances scientifiques.
Poser le cadre
La session de Paris sera avant tout cruciale pour poser le cadre : quel niveau de contrainte pourra être envisagé ? Quels seront les objectifs du traité ? À quelles étapes de la pollution plastique s'attaquera-t-il ? Comment seront prises les décisions ? Quant au fond, il sera discuté par la suite. Les négociations ne doivent pas aboutir avant 2025, dans le meilleur des cas.
Camille Richir
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.