"Un jour je serai le meilleur dresseur. Je me battrai sans répit...", chantait le générique de la série animée Pokémon, diffusée pour la première fois en France en septembre 1999. 26 ans plus tard, le succès de Pokémon n'est plus à prouver avec la ribambelle de produits dérivés comme des jeux vidéo, vêtements, l'application mobile Pokémon GO, des peluches et bien sûr des cartes à collectionner. La série animée se poursuit sur le petit écran français mais sans Sacha, le fidèle maître de Pikachu qui a fini par décrocher le Graal : être sacré grand maître.
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Un collectionneur angérien
Rue Gambetta, la curiosité attire de nombreux Angériens sur l'une des vitrines : quatre peluches grandeur nature de Pikachu sont exposées. Un œil plus attentif sur les murs permet de remarquer la séparation de couleur entre le rouge en haut et le blanc en bas. Jordan Marchais, gérant de la boutique n'a rien d'indonésien ni de monégasque, il a simplement repris les couleurs de la Poké Ball : fameuse sphère qui permet de capturer les Pokémon. Originaire de Saint-Jean-d'Angély, ce passionné de cartes de collection a franchi un cap important dans sa carrière de collectionneur : ouvrir une boutique en centre-ville. " J'ai commencé à vraiment vendre des cartes sur internet en 2019 et on peut dire que c'était professionnel, raconte le trentenaire. Avant ça, je travaillais comme chaudronnier mais j'ai dû arrêter à cause de problèmes de santé." Outre le monde des animaux imaginaires japonais, des cartes à jouer d'autres univers sont à retrouver sur les étagères de la boutique comme Yu-Gi-Oh ! et Panini.
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"Je suis la seule boutique en Charente-Maritime"
La reconversion dans le monde des cartes à jouer s'est faite naturellement car le jeune homme suit cet univers depuis l'enfance. Alors il a sauté sur l'occasion. En ouvrant son enseigne à Saint-Jean-d'Angély, il a pignon sur rue : "Je suis la seule boutique en Charente-Maritime, la concurrence se limite aux boosters (pack de 10 cartes jouables, N.D.L.R.) vendus en grande surface, qui n'ont pas beaucoup de valeur contrairement aux cartes à l'unité que je vends", se targue Jordan Marchais. Preuve à l'appui, un client présent a fait le déplacement depuis La Rochelle pour acheter trois cartes à l'unité pour une valeur totale de 150 euros.
Sur les étagères de part et d'autres des murs, des centaines de cartes sont exposées avec des prix à l'unité allant de 5 euros à 229 euros. "C'est la puissance de jouabilité d'une carte qui fait sa valeur et non sa beauté visuelle, explique le vendeur. D'ailleurs, les gens s'en fichent de jouer aux cartes Pokémon, ce qui les intéresse c'est de spéculer financièrement en les revendant." Yan Chatellier-Garnier, qui est devenu un ami de Jordan Marchais au fil des ventes de cartes, enchérit avec le sourire : "Combien de personnes nous disent qu'ils viennent acheter des cartes pour que leurs fils aient une belle collection en grandissant... Ils l'auront revendu avant qu'ils soient majeurs."
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Un marché infini ?
Avec pas moins de 24 000 cartes à collectionner et plusieurs séries, il faut débourser un sacré pactole pour avoir toutes les cartes en plus de prévoir un budget "classeurs" pour les trier. " Les cartes Pokémon sont devenues des tickets à gratter, avec les vendeurs à la place de la FDJ", regrette Jordan Marchais. Sur internet, certaines cartes s'envolent pour des milliers d'euros. Certains influenceurs et Youtubeurs partagent des vidéos "unboxing" (ouvrir des paquets de cartes, N.D.L.R.) avec un objectif purement financier en mettant en avant la supposée valeur du contenu. Simple bulle spéculative à l'image du Bitcoin ? Pour autant le succès de la franchise japonaise est loin d'être fini. "Pokémon a fait en sorte d'être encore présent pour 100 ans, moi je serai plus là", plaisante le passionné collectionneur.
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