La société Renaud & Fils est depuis 1970 et trois générations une entreprise familiale. Elle est installée sur la commune d'Avy entre Pons et Jonzac. Avec ses productions de Champignons de Paris, de Bruns de Paris, de pleurotes et de Shiitakés, Jean-François Renaud et ses deux fils sont devenus les premiers producteurs en France de ce type de champignons.
La société, tout comme son président, est inconnue de la justice. Elle emploie 530 collaborateurs pour un chiffre d'affaires de 45 millions d'euros en 2024 et une production de 250 tonnes de champignons par semaine. Près de 80 % de sa production sont destinés aux enseignes de la grande distribution.
Visite des inspecteurs de la DDPP
Courant 2022, la société Renaud & Fils a reçu la visite des inspecteurs de la direction départementale de la protection des populations (DDPP). Ceux-ci ont pointé du doigt des allégations sur le site internet de l'entreprise, qualifiées de pratiques commerciales trompeuses, et l'utilisation de produits phytopharmaceutiques sur les champignons de premières pousses.
Dans ce dossier où se mêlent le Code rural et celui de la consommation, le parquet de La Rochelle n'est pas à charge : "Il n'est pas question pour le parquet de faire passer les prévenus pour ce qu'ils ne sont pas. Ils ont collaboré totalement aux investigations. Ce ne sont pas de voyous. Les allégations sur le site internet ont été enlevées mais l'infraction a bien été commise."
Des mentions qui posent question
Ainsi la mention "compost fabriqué maison", qui avait notamment été relayée dans la presse nationale, a été enlevée. En effet, sur la période de prévention retenue, la société Renaud, afin de répondre à la demande, avait acheté du compost en Belgique et à une société landaise pour faire pousser ses champignons de couches.
Autre allégation mensongère relevée par la DDPP : la mention sur les étiquettes des conserves de champignons de première levée ; "cultivés sans traitement de produit phytopharmaceutique". Or, neuf des 14 échantillons prélevés par la DDPP ont relevé la présence de produits phytopharmaceutiques avec un taux supérieur à la norme autorisée.
En délibéré jusqu'au 18 décembre
La fonctionnaire de la DDPP, citée à témoin dans ce procès explique : "Nous avons trouvé un bidon de 5 litres de produit phytopharmaceutiques relié à un canon d'arrosage dans les salles de culture. Il est interdit de cultiver des champignons avec de la pulvérisation ou de la nébulisation d'insecticide". Il est question de mouches qui auraient pu contaminer les champignons de couche. Une thèse soutenue par la défense, ainsi que celle d'une contamination croisée et accidentelle : "Elle pourrait venir des fientes de poules qui étaient dans le compost. Les poulaillers étaient traités à l'aide de produits phytopharmaceutiques."
Une amende 20.000 euros, dont 10.000 avec sursis, a été requise à l'encontre de Jean-François Renaud, ainsi qu'une autre de 150.000 euros pour sa société. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 18 décembre.
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