Dans la nuit du 10 au 11 décembre 2025, plusieurs structures environnementales de Charente-Maritime ont été la cible d'une série d'actes de vandalisme revendiqués par des membres de la Coordination rurale 17, section départementale du syndicat agricole.
Les actions ont visé le siège national de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), installé dans les Fonderies royales à Rochefort, les locaux des réserves naturelles de Moëze-Oléron et de la Massonne, ainsi que les bureaux de Nature Environnement 17 à Surgères. L'Office français de la biodiversité (OFB) à Courcoury et la permanence du député de la 2e circonscription, Benoît Biteau, ont également été ciblés.
Le siège de la LPO, aux Fonderies royales de Rochefort, n'a pas été épargné - © LPO
Tags, pneus et mise en scène macabre
Selon les associations concernées, les dégradations ont pris la forme de tags injurieux, dépôts de pneus, ballots de paille, tas de terre et cadavres d'animaux, dont une tête de sanglier décapitée retrouvée sous des bottes de paille dans les locaux de Nature Environnement 17. L'association dénonce une " mise en scène cruelle et violente " qui ne peut, selon elle, s'inscrire dans un débat démocratique.
Des têtes de sangliers ont été déposées devant le siège de Nature Environnement 17, à Surgères - © NE 17
La LPO condamne également "des pratiques d'intimidation inacceptables et indignes". Son président, Allain Bougrain-Dubourg, rappelle l'engagement de l'ONG aux côtés de nombreux agriculteurs et réaffirme la nécessité de privilégier "la responsabilité et le dialogue, plutôt qu'à la violence et à la division".
Un contexte de tensions entre syndicats agricoles et associations écologistes
Les attaques interviennent dans un climat de crispation marqué par de vifs désaccords sur l'évolution du modèle agricole. Dans un communiqué distinct, la Coordination rurale 17 accuse plusieurs associations écologistes de mener des actions d'"agribashing" et juge leurs prises de position nuisibles à la compétitivité des exploitations françaises.
Le siège de Nature Environnement 17 a été pris pour cible à Surgères - © NE 17
Le syndicat dénonce notamment la suppression de certaines molécules phytosanitaires en France, qu'il estime favoriser les importations de produits agricoles contenant des substances interdites sur le territoire national.
Ces divergences, déjà anciennes, ont été ravivées dans les dernières semaines, après des actions juridiques menées par Nature Environnement 17 et des prises de position jugées hostiles par la Coordination rurale.
La préfecture appelle au calme et au respect du cadre républicain
Dans un communiqué diffusé le 11 décembre, le préfet de Charente-Maritime, Brice Blondel, condamne les dégradations et exprime son "plein soutien aux structures et personnes concernées". Il rappelle que "la protection des biens et des personnes est une condition de la vie démocratique" et appelle à "faire preuve de modération et de responsabilité".
Conscient des difficultés rencontrées par le monde agricole, il affirme que les services de l'État restent mobilisés pour accompagner les exploitants "dans le respect des principes républicains".
Associations et institutions ciblées appellent à poursuivre le dialogue
Nature Environnement 17, l'OFB, la LPO et les élus touchés dénoncent unanimement des méthodes d'intimidation et réaffirment leur engagement pour la protection de l'environnement et le respect du débat démocratique.
Toutes appellent à poursuivre le dialogue entre les acteurs agricoles et environnementaux, alors que les tensions autour des modèles de production et des normes écologiques demeurent fortes en Charente-Maritime comme ailleurs.
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