Avant l'île du Diable, il y eut Saint-Martin-de-Ré. En février 1895, le capitaine Alfred Dreyfus y connut l'isolement, l'humiliation, et les prémices du martyre. Dans cette enceinte fortifiée de Charente-Inférieure, l'État républicain mit en scène l'effacement méthodique d'un homme. Du 17 janvier au 21 février, à l'écart du monde et des siens, le condamné attendit son transfert pour la Guyane, enchaîné chaque nuit, sous la garde constante de l'administration pénitentiaire.
Transféré de la prison de la Santé à Paris, Dreyfus traverse la France dans un wagon cellulaire, escorté de deux gendarmes. À son arrivée à La Rochelle, la tension est palpable. " Une foule énorme stationne sur les quais Valin et Duperré ", rapporte Le Nouvelliste. Des cris fusent : " À mort le traître ! À l'eau le Prussien ! " La haine est violente, brute, collective. Certains...
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