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Gourvillette. D'une histoire amicale, Pique Russe devient familial avec Cyrille et Clémence Cornerotte

St Jean d'Angély et alentours. La propriété viticole Pique Russe change de mains. Après le départ à la retraite d'Yves Lageat en octobre dernier, c'est Cyrille Cornerotte, 39 ans, qui reprend les rênes avec sa sœur Clémence. Un retour à la terre mûri de longue date.

Gourvillette. D'une histoire amicale, Pique Russe devient familial avec Cyrille et Clémence Cornerotte
Après 10 années passées comme conseiller technique à la Défense de Belgique, Cyrille Cornerotte est revenu vers sa passion viticole - - © T.C.

À 39 ans, Cyrille Cornerotte n'a pas le parcours classique d'un vigneron charentais. Originaire de Saint-Pierre-de-Juillers, tout comme sa sœur Clémence, il a d'abord pris le chemin des institutions européennes après des études à Sciences Po Bordeaux en 2010. Pendant dix ans, il travaille à Bruxelles dans le domaine de la Défense, jusqu'à collaborer avec le ministère de la Défense belge. Une carrière prometteuse, mais qui ne suffisait pas à étouffer son envie de revenir à la terre. "J'ai toujours eu cette envie de faire du vin, confie-t-il. Même si j'aimais mon travail à Bruxelles, j'avais besoin de créer quelque chose de concret, de travailler avec mes mains et avec le vivant."

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"Et puis un jour, Yves m'a dit : "Je vais prendre ma retraite, tu veux reprendre ?""

Sa reconversion débute à distance avec un diplôme universitaire en viticulture et œnologie à Dijon. "Très théorique", précise-t-il. Puis ce diplôme se concrétise en 2020 avec une formation technique à Triac-Lautrait, en Charente. Il enchaîne ensuite avec des expériences dans des vignobles de Salignac-sur-Charente et au Vignoble Thomas, avant de devenir chef de chai et de culture à la Maison des vins charentais pendant deux ans. "C'était génial de pouvoir gérer des équipes, de vinifier et de suivre les cuvées de A à Z", raconte l'intéressé. Cet apprentissage, tant humain que technique, le prépare pour la suite. "Je voulais vraiment faire du vin, pas seulement de l'eau-de-vie."

C'est dans un salon du vin qu'il fait la connaissance de Pique Russe. "En 2005, je rencontre Yves Lageat et le courant est tout de suite passé, se souvient-il. Depuis cette année-là, j'achète chaque millésime du domaine. Et puis un jour, Yves m'a dit : " Je vais prendre ma retraite, tu veux reprendre ? " Je n'ai pas hésité une seconde : oui !" Après une année de transition passée aux côtés d'Yves, Cyrille reprend officiellement la propriété en octobre 2025, avec sa sœur Clémence, 37 ans, professionnelle de la communication dans la filière cognac. "On voulait vraiment faire ça en famille, ajoute le nouvel exploitant. Clémence a un regard précieux sur la communication et la mise en valeur du domaine."

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16.000 pieds par hectare

Situé à l'entrée du village de Gourvillette, le domaine Pique Russe s'étend sur près de quatre hectares. Il doit son nom au rouge-queue, petit oiseau migrateur local. Fondé en 2003 par un groupe d'amis, dont Yves Lageat ex-DRH pour le groupe de luxe LVMH, le domaine est né d'une idée forte : montrer qu'il était possible de produire un vin de qualité en Charente-Maritime, au cœur d'une région dominée par le cognac. Dès ses débuts, Pique Russe adopte une approche artisanale, en viticulture biologique, avec des vendanges manuelles et la volonté de privilégier la qualité plutôt que la quantité. "On ne fait pas du volume, on fait du soin, de la précision, c'est ce qui rend nos vins uniques", précise Cyrille Cornerotte.

Quand on visite le vignoble, la première chose qui marque est la densité de plantation. Les pieds sont plantés les uns après les autres avec moins d'un mètre d'espace entre chaque rangée. Une formation resserrée inhabituelle pour le secteur. Les cépages rouges, merlot et cabernet sauvignon, sont plantés à plus de 11 000 pieds par hectare, et le pinot noir atteint 16 000 pieds par hectare. "Cette densité, c'est notre signature, exprime fièrement le Belgo-charentais. Chaque pied de vigne produit moins, mais le fruit est beaucoup plus concentré et complexe. Il y a une concurrence assez saine entre les pieds." Les vins reflètent cette exigence : la cuvée Pique Russe, assemblage de merlot et cabernet sauvignon, est élevée en barriques et se distingue par sa puissance maîtrisée et ses tanins souples. La cuvée Sous la Couture, plus marquée par le cabernet sauvignon, offre un style droit et élégant. Le pinot noir révèle un nez épicé et poivré, avec une bouche fruitée et fraîche. Le Colombard, quant à lui, donne des blancs secs vifs et citronnés, idéals avec les fruits de mer. "On cherche l'équilibre et la finesse, on veut que nos vins racontent le terroir charentais", résume Cyrille.

Sous la direction d'Yves Lageat, Pique Russe produisait environ 30 000 bouteilles par an. Les vins étaient prisés par les restaurants gastronomiques comme le " trois étoilés " Christopher Coutanceau à La Rochelle et les cavistes exigeants.

Avec l'arrivée de Cyrille et Clémence, une nouvelle dynamique s'annonce. Le duo souhaite développer le tourisme œnologique au sein de la propriété.

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"On a envie d'ouvrir le domaine aux visiteurs"

"On a envie d'ouvrir le domaine aux visiteurs, de les faire goûter nos vins, de leur proposer des planches accord mets-vins pendant la saison estivale, raconte Cyrille Cornerotte. C'est un vrai projet pour valoriser Gourvillette et faire découvrir nos vins autrement." Ils ambitionnent aussi de participer à des salons et foires aux vins pour faire connaître Pique Russe et montrer que l'IGP Charentais peut produire des vins ambitieux et raffinés.

La transition se fait dans un esprit de continuité et de modernité. Le domaine conserve l'âme insufflée par Yves Lageat, faite de passion, d'amitié et d'exigence, tout en s'ouvrant à de nouvelles perspectives. "On veut que Pique Russe devienne un lieu de rencontres et de plaisir, où chacun peut découvrir et apprécier nos vins dans la convivialité", conclut Cyrille Cornerotte. À l'aube de ce nouveau chapitre, Pique Russe s'ouvre à une nouvelle génération tout en restant fidèle à son histoire.

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